disposer d'un volume de crédit équivalent à l'engagement personnel d'une dizaine de propriétaires solvables" - écrit en ce sens un auteur (17) - "une société de capitaux à forme terrestre devrait, soit disposer de réserves disponibles plusieurs fois supérieures à la valeur du navire lui-même, soit recourir à des cautions bancaires extrêmement spéculatives, c'est-à-dire obtenues nécessairement à des conditions très onéreuses puis­qu'elles seraient consenties en considération d'un actif manifestement insuffisant pour constituer une garantie sûre. Dans la plupart des cas, l'importance de telles charges financières ne serait pas à la mesure des produits de l'exploitation et équivaudrait pratiquement à l'endettement créé par un prêt usuraire".

Cette argumentation n'est peut-être pas aussi probante qu'elle pourrait le paraître à première vue. En effet, la faiblesse en capitaux propres des structures financières des armements est un phénomène largement répandu sur toute la côte, dans la grande majorité des ports ; or le régime de co­propriété des navires, régi par la loi du 3 janvier 1967, n'est utilisé sur une large échelle que sur le littoral atlantique, principalement en Bretagne Sud ; ailleurs, contrairement à ce que pourrait laisser supposer l'argumentation de l'auteur men tionné ci-dessus, d'autres formes de sociétés existent, comme dans le Nord ou la Normandie (Boulogne, Fécamp etc.), notam­ment des sociétés anonymes et surtout des sociétés en respon­sabilité limitée. D'autre part, pour que l'engagement personnel, solidaire et indéfini des quirataires ait un sens, encore faut-il que ces quirataires soient effectivement solvables. Or, il arrive assez fréquemment que ce ne soit pas le cas, les

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.105