artisanal. D'autre part, les équipages ne font partie de ces communautés, bien qu'ils participent indirectement à leur financement puisqu'il est prélevé sur le pourcentage du produit de la vente leur revenant "un quart de part de matelot" (art. 39). En contrepartie il est vrai, leurs veuves et orphelins peuvent recevoir des aides matérielles sur les fonds de la prud'homie.

L'énoncé de ces règles ne peut en fait se comprendre que par une double référence à l'origine lointaine de l'Institution et à son contexte géographique et socio-économique particulier. Si d'une façon générale en effet, sous l'Ancien Régime, apprentis et compagnons étaient membres de leur corporation de métier, seuls les maîtres, à l'exclusion de tout autre groupe, en assuraient la direction ; dans ce cadre social il était donc logique qu'en matière de police de pêche, on ait jugé que les patrons, propriétaires ou non (5) de leur outil de production, mais toujours maîtres souverains de leur navire et donc responsables des différends pouvant survenir sur les lieux de travail, devaient seuls et obligatoirement appartenir aux "communautés" prud'homales, les équipages n'étant qu'indirectement concernés. D'autre part, il est essentiel de se souvenir que, jusqu'à une date très récente, l'activité de pêche sur le littoral français méditerranéen était essentiellement une activité côtière, de petit artisanat ; les navires jaugeant un très faible tonnage, les équipages étaient le plus souvent réduits : un, deux, trois hommes... On peut donc penser que c'est la conjonction de ces deux facteurs, historique mais aussi géographique et socio-économique, qui a imprimé sa physionomie institution-

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.133