- Tout d'abord, sur un plan social, ils mettent en relief la quasi-permanence du cadre de vie des pêcheurs. A toutes les périodes de l'histoire, ces derniers ont de subir les aléas relatifs à la pratique d'une activité de cueillette, se heurter aux difficultés de commercialisation d'un produit périssable. Mais à ces complications inhérentes à la nature même de la profession s'en sont ajoutées d'autres, aussi redoutables... Le caractère incertain du métier quant à ses résultats financiers rendant difficile la formation de capital, les pêcheurs se sont vus obligés très tôt en effet - dès le Moyen Age et sans doute avant - de recourir à des aides extérieures; par la suite, le coût croissant de construction des navires a accru, au fil des siècles, leur dépendance par rapport à ces apporteurs de capitaux. Dans ce processus résident l'origine et le développement, à partir du XVIIIe, du pouvoir économique de la moyenne bourgeoisie sur l'activité de pêche et ceux qui l'exercent. Ce pouvoir devait progressivement, et définitivement bien sûr après la Révolution, remplacer celui plus archalque des titulaires de titres seigneuriaux, s'exerçant notamment sous forme de taxes et dont on peut penser - certaines communautés de pêcheurs ayant joui au Moyen Age de privilèges importants - qu'il s'était peut-être accru après cette période.

- En second lieu, il paraît certain, pour les raisons qui ont été précédemment développées, que le système des classes et postérieurement celui de l'Inscription maritime, ont joué un rôle décisif dans la création d'une mentalité collective des Gens de Mer, réunissant en quelque sorte marins de pêche, du commerce et d'Etat en une seule "famille", celle de la "Marine", contribuant ainsi à différencier les inscrits

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.234