du régime juridique des Gens de Mer, dont l'origine se situe dans un contexte historique lointain bien précis, se caractérise aujourd'hui de façon globale par le fait qu'il s'agit d'un régime institué par la Puissance Publique et soumis à son contrôle étroit - ce qui constitue une première originalité, s'agissant de l'exercice d'un métier civil - et qu'il est en outre géré par une administration très particulière, de "synthèse", où les Services Extérieurs - seconde mais non moins grande originalité - sont assurés par un corps de la Marine Nationale, celui des Affaires Maritimes. C'est ainsi que les analyses antérieures - auxquelles on se référera implicitement de façon constante dans les lignes qui suivent - ont mis en valeur que l'ensemble du dispositif composé par le statut du marin, le Régime disciplinaire et pénal, le Code du Travail Maritime, formait jusqu'en 1965 un complexe législatif et ré­glementaire parfaitement cohérent, d'essence militaire, de ca­ractère tout à la fois archaïque et coercitif, d'esprit paternaliste, soumis en tout ou partie à l'administration et à la juridiction d'officiers de l'armée de mer ; mais ce faisant, ces analyses révélaient - conséquence des caractéristiques énoncées - que ce régime juridique des marins était, d'une certaine manière, un régime de "ségrégation juridique" puisqu'il aboutissait à créer sur le plan du droit un groupe bien délimité de citoyens, liés à l'Etat par des obligations particu­lières, sans exact équivalent dans d'autres secteurs publics ou privés. Aussi, la question se pose de savoir si une telle spécificité juridique du groupe des Gens de Mer n'a pas eu d'incidences sur l'idéologie et la culture de ce groupe.

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.311