du roulis. Puis on songea à installer au-dessus d'eux un auvent de toile goudronnée, en manière d'écran Immobiles, exposés des heures durant au vent, à la pluie, aux embruns, les pêcheurs jetaient leurs lignes, les ramenaient à la force du poignet, décrochaient le captif, le lançaient derrière eux après en avoir arraché la langue - la part de chaque pêcheur étant calculée en fonction du nombre de langues qu'il remettait chaque soir au capitaine".

Plus tardivement, au milieu du XIXe siècle, l'utilisation des lignes de fond et des doris va changer les condi­tions de travail de la grande pêche, sans en amoindrir cependant ni le danger en cas de mauvais temps, ni la pénibilité. Chaque doris, monté par deux hommes, doit mouiller, à cinq ou six kilomètres du navire, vingt-quatre lignes de cent vingt à cent trente mètres, comportant en tout quinze à vingt mille hameçons qu'il faut "boetter" avant de les déposer à la nuit. "Le relevage s'effectuait le matin, et durait plusieurs heures, puisqu'il fallait non seulement relever les lignes mais décro­cher à mesure chaque morue" (2). Au temps de travail demandé, dans des conditions climatiques rigoureuses, s'ajoutait un danger permanent de chavirement du doris et de dérive dans la brume.

Ces faits expliquent qu'en 1898 , le Dr Chastang (3) se demande "s'il existe au monde un plus dur métier" que celui de pêcheur d'Islande... "Ce que je crois, écrit-il, c'est qu'il n'en est pas un qui expose à plus de dangers, demande plus de sacrifices et apporte avec lui moins de compensations". Il ne semble pas que les conditions de travail et de sécurité s'améliorent au cours des décennies suivantes. C'est en 1920 en

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.254