- "Des revendications à bord ? Nous avons trop peur de perdre notre place ! " (34).

- "Quand un patron s'aperçoit qu'il y a quelque chose qui ris­que de le gêner, il élimine un ou deux éléments et comme çà il en embarque de nouveaux, qui ne sont pas au courant... Les patrons ce sont tous les mêmes, il faut pas se faire d'illusions... Il y a beaucoup d'histoires comme çà sur les chalutiers... mais y en a beaucoup qui n'osent pas le dire non plus" (35).

- "Lorsque le patron descend et dit : qui est-ce qui ne veut pas venir sur le pont ?... il n'y a plus personne qui répond.Tout le monde reprend son couteau et sa grande vareuse et on va sur le pont" (36).

Ces témoignages sont d'ailleurs confirmés indirectement et partiellement par un résultat quantitatif de l'enquête F.O.R.S. : 35,1 % des marins-pêcheurs interrogés déclarent que les motifs officiels de licenciement n'étaient pas les "vraies raisons" (13 % ne se prononcent pas) (37). En fait, cette attitude de soumission est aisément explicable si on s'en réfère aux pouvoirs très importants du capitaine de pèche en matière d'embauche, de licenciement, d'organisation du travail. Ces pouvoirs, analysés globalement dans le chapitre 1 de cette étude (38) et dont on rappelle ici en note (39) les caractéristiques essentielles, découlent tout à la fois de la réglementation du Code du Travail Maritime, du Régime disciplinaire et pénal, des conventions collectives en usage dans les ports. C'est ainsi que la Convention Collective des capitaines de chalutiers de pêche au large,du port de Boulogne,précise dans son article 2 qu'en confiant à un capitaine le commandement d'un chalutier, l'armement lui donne une délégation de pouvoirs étendue pour le recrutement de l'équipage, la direction

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.270