- La première raison le plus souvent alléguée est l'inconnue de la récolte ou prise de mer : la pêche demeurant une activité de chasse d'un produit périssable, la persistance d'aléas impliquerait que le groupe prenant part à l'expédition maritime s'en partage les risques et les fruits, profitant d'une bonne marée s'il y a lieu, supportant les conséquences d'une mauvaise. Dans ce contexte, la distribution communautaire du résultat paraît d'autant plus normale à l'origine que les groupes restreints qui pratiquent alors la pèche mettent en commun leurs outils de production et sont, dans maints endroits, unis par des liens de parenté ou de voisinage. De la posses sion commune du capital, de la participation à une activité spécifique, limitée dans le temps et de caractère aléatoire, découlerait assez naturellement, selon bon nombre d'auteurs, l'exigence collective de l'appropriation par tous du produit de la récolte.

- Mais, et c'est la seconde raison invoquée pour expliquer cette fois les variations et l'inégalité de la répartition entre membres de l'équipage, il faut adjoindre à ce premier motif de caractère général justifiant l'origine et l'usage de la rémunération à la part, l'incidence de la propriété de l'instrument de production qu'est le navire sur le calcul même de la rémunération. Cette rémunération en effet,dès l'origine et davantage encore par la suite, lors de l'apparition de la motorisation, variera non pas en fonction des risques en courus ensemble ou du travail accompli en commun mais suivant le montant du capital (apporté par un navigant ou un non-navigant). C'est ainsi que J. Besançon rappelle que les matelots des drifters boulonnais étaient payés à la fin du siècle der

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.279