Mais pour importante qu'elle soit, la pêche au hareng ne sera pas la seule pratiquée. Il faut aussi mentionner la pêche côtière polyvalente, en barque ou à pied, la pêche au thon, à la "madrague" (3), la pêche à la sardine, la pêche à la baleine en pays basque (XIe-XIIe) (4) et à partir du XVe siècle - bien avant Jacques Cartier... - la pêche à la morue de sur les banc Terre-Neuve, fréquentés tout à la fois par les Basques, Normands, Bretons, Sablais, Rochelais, Bordelais. etc. (5). Sous ses diverses formes, la pêche a donc acquis dés cette époque droit de cité.

Quant aux conditions de vie des marins-pêcheurs, les documents historiques font malheureusement défaut pour permettre d'atteindre un degré suffisant de généralisation dans l'analyse. Il faut donc se contenter ici de données éparses, recueillies à diverses sources, dont il n'est pas possible de déduire des conclusions synthétiques exhaustives, mais qui rendent possible la formulation de quelques hypothèses d'interprétation. Sous cette réserve, on remarque qu'en certaines régions un statut de fait ou de droit privilégié est conféré aux pêcheurs. Ainsi, en pleine guerre, il existe, pendant la période de capture du hareng, des "trêves pescheresses", car nous dit Froissart :

"les pescheurs sur mer, quelque guerre gain soit entre la France et l'Angleterre, jamais ne se livrent mal, ainçoit sont amis et aident l'un l'autre au besoin et achaptent l'un à l'autre leurs poissons quand les uns en ont plus largement que les autres, car s'ils se guerroyaient, on n'aurait point de marée" (6).
LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.184