res... Et pourtant les besoins en hommes grandissaient du fait de l'évolution remarquable de la construction navale au milieu du XVIIe siècle : de navires d'un tonnage de quatre à cinq cents tonneaux sous Louis XIII, on passait brusquement à la réalisation de vaisseaux à trois ponts d'un tonnage de mille quatre cents à mille huit cents tjb., fortement armés et nécessitant pour los servir un grand nombre de matelots et officiers (huit cents en moyenne) (17). Il était naturel dans ces conditions que Colbert se heurtât à un problème quasi insoluble de recrutement (18) : il allait tenter de le résoudre d'une manière très originale.

- Soucieux d'asseoir la puissance commerciale de la France, il avait en effet besoin, pour atteindre cet objectif, d'une puissante flotte de combat, support logistique de la Marine Marchande, Or, les déserteurs se faisaient de plus en plus nombreux les marins de plus en plus rares. Après s'être efforcé de remédier à cette situation catastrophique en favorisant l'enrôlement volontaire sur les navires du roi - il se proposait déjà de donner à tous ceux qui s'engageraient pour une période de trois à quatre ans cinq sols par jour, en même temps qu'il les exemptait de la taille - il eut enfin recours au système des classes. A vrai dire, cette idée d'effectuer un recensement complet des Gens de Mer de façon à pouvoir les utiliser rapidement en cas de besoin n'était pas nouvelle ; on en trouvait le principe dans les articles 440 et 441 du Code Michau, mais jusqu'alors les mesures préconisées n'avaient pas été suivies d'effet ; d'autre part, en certaines régions de France, notamment en Brouage et Saintonge, il était déjà arrivé aux gouverneurs (19) de procéder eux-mêmes à une répartition

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.189