prendre le rassemblement et l'analyse. Fort heureusement, le hasard a voulu qu'une enquête très sérieuse fût entreprise et menée à bien, de 1723 à 1732, par un inspecteur des Pêches, Le Masson du Parc, sur toutes les côtes de la France à l'exception du Midi (37). C'est en prenant pour base ce document de qualité - dépouillé, commenté et publié il y a une trentaine d'années par les soins en tous points excellents de M. Eric Dardel -, en y adjoignant d'autres renseignements puisés à bonne source pour tenter de contrôler l'exactitude des remarques de l'enquêteur et les replacer dans l'ensemble de la vie économique et sociale de l'époque, qu'on tentera de brosser non un tableau d'ensemble, mais une simple esquisse de ce que pouvait être l'existence quotidienne des pêcheurs au XVIIIe siècle.

L'inobservation d'un certain nombre de dispositions de la Grande Ordonnance sur la Marine d'août 1681 et de celle de novembre 1684 est à l'origine de l'inspection des pêcheries par Le Masson du Parc.

Des abus sont en effet commis, soit par des tenants d'anciens privilèges qui ne veulent pas les abandonner, soit par les pêcheurs eux-mêmes qui utilisent souvent des engins prohibés - tels les filets traînants dénommés "dreiges" et dont les mailles sont si serrées qu'elles entraînent un dépeuplement des fonds (déjà !). Le Conseil de la Marine, après rapports des intendants de Rouen, Caen, Amiens décide, en 1722, de faire "visiter" les côtes de Flandre, Boulonnais et Picardie ; Le Masson du Parc est chargé de cette mission et reçoit ainsi pour tâche exclusive - c'est la première fois dans notre histoire, semble-t-il - une enquête sur la pêche. En 1726, il est nommé

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.197