de nombreux exemples de cette situation. Tel est le cas dans la baie d'Arcachon (45), où le nouveau seigneur a décidé "de son autorité" d'augmenter, de façon abusive, "le droit de capte" qu'il perçoit sur les chaloupes "à la grande mer" : de cinq à dix livres en 1702, quinze en 1705, ce droit est passé à cin­quante livres une dizaine d'années plus tard (46). L'Amirauté a cependant condamné les pêcheurs à payer, "sans aucune discussion de fait, ni vérification de titre" ! Ce même seigneur exige chaque année un plat de poissons et pour éviter les procès fréquents suscités par cette dernière coutume, les pêcheurs ont dl accepter une transaction ; mais celle-ci, estime Le Masson du Parc, faite par le sieur Barberon, "agent et homme d'affaires du seigneur", ne peut obliger une "communauté surprise ou intimidée". Autre exemple ; à Bordeaux, la halle est dirigée par le jurat qui taxe seul le poisson sans que "le pescheur puisse ou ose rien vendre à personne, quelque prix avantageux qu'on puisse lui fournir".

Le Masson du Parc nous donne également de précieux renseignements quant à l'origine des capitaux engagés à la pêche, ou quant à la propriété des navires. Il indique que "les chaloupes appartiennent souvent à des particuliers, qui n'ont aucun intérêt à la pesche et qui louent ces bateaux aux équipages" (47), ou encore "les bourgeois et les marchands intéressés à la pesche... fournissent les filets... partie des vivres... la boisson... et se remboursent sur le produit de la vente du poisson dont ils se chargent". Ici le marchand reçoit une part "pour l'intérêt de ses avances et pour avoir vendu le poisson". Il semble donc se confirmer que très souvent, sinon toujours, l'apporteur de capitaux est aussi le vendeur du produit.

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.205