de la Caisse des Invalides consistait surtout "dans le pouvoir discrétionnaire et en quelque sorte paternel avec lequel elle s'empare des intérêts des marins, les gère officieusement..." (75). Qu'il s'agisse des assemblées élues ou consulaires, do l'administration elle-même ou du clergé, il serait aisé, mais sans doute d'un caractère fastidieux, de multiplier les exemples ; aussi se bornera-t-on à souligner que toutes les opinions exprimées faisaient valoir la nécessité de maintenir la Caisse de Retraite pour des raisons inhérentes, disait-on, à l'activité des marins, mais dont on peut penser qu'elles impli­quaient également un certain jugement de valeur sur la vie personnelle et sociale de ces mêmes marins. Les développements antérieurs du chapitre II de cette étude ont également mis en lumière l'importance de la tutelle administrative et sociale de l'Inscription maritime sur la vie des administrés.

Ne peut-on dès lors, de cet ensemble d'indices tou­jours concordants, se hasarder à formuler, à titre d'explication provisoire, l'hypothèse suivante ? Ce ne sont pas seule­ment, comme le suggéraient M. Cordon et Guérin, les institu tions communes à tous les Gens de Mer qui ont "objectivement", par leur seule présence, contribué à créer entre tous les marins une mentalité collective, mais aussi l'usage qui e été fait de ces institutions dans la pratique sociale, l'ambiance paternaliste dans laquelle elles ont fonctionné, l'image qui en a été perçue par les groupes de terriens en contact avec le milieu maritime. En d'autres termes, il n'apparaît pas possible de dissocier l'existence d'institutions telles que l'Inscription maritime et l'Etablissement des Invalides de leur contexte sociologique, caractérisé par la position dominante socialement

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.222