que jusqu'à une époque récente marins-pêcheurs et marins du commerce présentaient de nombreuses caractéristiques sinon identiques du moins très voisines, fondant une unité sociologique certaine du groupe des Gens de Mer.

 

Minoritaires dans la Communauté nationale, en diminution numérique constante, les marins-pêcheurs sont apparus comme un groupe spécifique, quelque peu isolé et clos, faisant partie d'un groupe plus vaste, doté de particularités similaires : celui de tous les marins ou Gens de Mer. Parmi les fac­teurs susceptibles d'expliquer, au moins partiellement, un tel phénomène, il en est un couramment cité : l'éloignement quasi permanent de la vie à terre imputable à l'exercice du métier de marin. Cet éloignement serait à l'origine du repli du groupe sur lui-même et de ce fait à l'origine de sa spécificité. Sans vouloir méconnaître en rien l'importance d'une telle explication, il n'est pas sûr toutefois qu'elle soit aussi probante que d'aucuns l'affirment dans la mesure où, comme on l'observera dans les chapitres IV et VII (24), cet éloignement ne revêt pas la même intensité suivant les types de métier pratiqués et que ce sont parmi les Gens de Mer ceux qui sont le plus fréquemment présents à terre, les pêcheurs côtiers, qui sont aussi, de manière apparemment paradoxale, les plus fermés à l'évolution extérieure. De manière apparemment paradoxale... car en fait le paradoxe disparaît si on analyse, intrinsèquement et dans leurs rapports entre elles, les différrentes institutions maritimes. Cette analyse fera précisément l'objet de la présente étude.

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.28