été négligeable,puisqu'elle a favorisé, en affermissant indirectement la position des groupes économiquement dominants (armateurs, mareyeurs, transformateurs), le maintien du statu quo en matière sociale. D'autre part, a-t-on déjà observé, cette idéologie communautaire de la Marine, en alimentant chez les membres du groupe un sentiment d' appartenance à un "corps" possédant un destin, un esprit, des intérêts communs, a tout naturellement fourni l'une des bases de départ à la définition et à la mise en oeuvre, entre les deux-guerres, d'une autre idéologie étendue à l'ensemble des "professions maritimes", l'idéologie interprofessionnelle (60). Or cette dernière, outre le fait qu'elle est par essence particulièrement appropriée, comme on l'observera bientôt, pour légitimer la pratique du partage de la rémunération à la part, est aussi d'une façon plus générale parfaitement conforme aux intérêts du patronat maritime considéré dans son ensemble, du patronat "interprofessionnel". Sur ce point les développements précédents et ceux qui suivront, relatifs aux comités de pêche (qui procèdent de cette l'idéologie laissent guère de doute à ce sujet. Ainsi, si ces conjectures sont exactes, directement ou indirectement, l'idéologie "Marine",née des institutions de inscription maritime, aura contribué à maintenir en l'état les rapports sociaux de production existants. Mais il est encore un autre phénomène aussi important qui aura joué un rôle similaire et qu'il convient pour cette raison d'examiner : la transposition de "l'habitus" au niveau même de ces rapports de production.

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.349