La Pauvreté n'est évidemment pas l'apanage des Sociétés technologiquement développées. Bien au contraire, une rapide incursion historique nous montrerait:
Comme Galbraith l'a bien mis en valeur, l'état de pauvreté a cessé dès lors d'être celui de la majorité. Mais cet état demeure. La croissance, de par son dynamisme "naturel " dans une économie dite "de marché ", suscite des inégalités (que sont loin de compenser les politiques de redistribution de revenu (3); consolide ou crée la pauvreté, voire la misère. En fait, c'est parce qu'il y a croissance et que beaucoup "s'enrichissent" que l'on prend conscience de façon plus aiguë de l'état de pauvreté des "moins favorisés ", des "laissés pour compte". "La pauvreté devient visible et mesurable parce qu'une partie plus grande de la population parvient à y échapper".
De ces constatations, il ressort que la notion moderne de pauvreté est par essence relative. Galbraith écrira (4): "Les gens sont dans le dénuement quand leur revenu, même s'il leur permet de survivre, se trouve nettement au-dessous de celui de l'ensemble de la communauté ".
(2) Il faut souligner ici l'influence décisive en la matière des deux conflits mondiaux. Les Etats sont contraints de mobiliser toutes leurs ressources financières, économiques et sociales; la conséquence en est que les classes dominantes sont obligées de faire des concessions importantes, d'où l'apparition ou la consolidation des classes moyennes.
(3) Toutes tes statistiques (U.S.A., Canada, Europe Occidentale) le prouvent surabondamment. Dans le cas de la France, cf. notamment:
— "Consommation et mode de vie ". Commissariat général du Plan, juillet 1969 (p. 35 et suivantes).
(4) "La Société d'abondance ", p. 301.