b) - Seconde hypothèse: des motifs d'ordre psycho-sociologiques?

Si l'on se limite en vue d'alléger les développements à la période post-révolutionnaire, un fait frappe d'emblée l'observateur : la tension vive ayant à plusieurs repri ses au cours du XIXe et du XXe siècle opposé les professionnels à l'Administration au sujet des prud'homies. Or la source de cette tension a toujours pris naissance dans des conflits de compétence, les prud'hommes ayant tendance à user plus ou moins inconsidérément des attributions qui leur étaient officiellement reconnues, l'Administration s'efforçant au contraire d'interpréter strictement les textes en vigueur. On se sou vient en effet que les prérogatives prud'homales sont nombreu ses et complexes puisqu'elles mêlent étroitement des fonctions d'ordre juridictionnel, réglementaire et disciplinaire, dont l'origine remonte à l'Ancien Droit. Suivant un auteur (26), le processus de développement de ces différents pouvoirs n'au rait d'ailleurs pas été unique : à Marseille, le droit d'édicter des règlements serait né de celui de juger souverainement des conflits entre pêcheurs par la formation progressive d'une jurisprudence ; à Collioure, au contraire,les attributions ju ridictionnelles des prud'hommes seraient apparues bien après leurs attributions réglementaires et n'en auraient ainsi cons titué qu'une conséquence logique. Mais partout, comme le sou ligne avec force Valin, à la seule exception des litiges entre pêcheurs - ou même le procureur du Roi avait la possibilité le cas échéant de poursuivre au criminel et dans certains cas par action civile -,les pêcheurs et les prud'hommes eux-mêmes