b) - En second lieu, le particularisme du régime juridique des Gens de Mer, du fait notamment du caractère spécifique, de "synthèse", de l'administration et de la "surimpression" des rôles des administrateurs des Affaires Maritimes, a favorisé le maintien dans le milieu sociologique considéré de relations sociales hiérarchisées de type paternaliste et, par voie de conséquence, entretenu chez les marins une disposition culturelle, un "habitus", caractérisé par une attitude générale de dépendance.

Cette seconde proposition, édictée comme la précédente à titre d'hypothèse, prend appui sur un certain nombre d'observations antérieures relatives au régime juridique et institutionnel des Gens de Mer, observations qui ont montré que ces derniers entretiennent des rapports continus avec une administration très hiérarchisée, militaire, qui supervise l'ensemble de leurs activités.

Nous avons indiqué en effet que le marin français, n'exerçant pas une profession libre, est assujetti à une réglementation très spécifique, matérialisée par la fiche matriculaire, document très original puisque y sont mentionnés tous les événements principaux de l'existence de "l'inscrit maritime", qu'il s'agisse de sa vie personnelle - état civil, situation militaire, pénale, honorifique, de vieillesse - de sa vie familiale ou de sa vie professionnelle ; qu'il est en outre, à bord du navire, astreint aux sujétions d'un régime disciplinaire et pénal très contraignant qui, jusqu'à 1926, était d'ailleurs de caractère statutaire (ce qui comportait comme conséquence que l'intéressé, même en dehors de l'engagement

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.316