SECTION II
LES CONDITIONS DE TRAVAIL DES MARINS-PECHEURS

Bref rappel historique :

En vue d'illustrer la dureté permanente d'un métier difficilement comparable à d'autres, il n'est sans doute pas sans intérêt de rappeler d'abord brièvement les conditions dans lesquelles se pratiquait autrefois l'une des pêches les plus connues du grand public, celle des bancs de Terre-Neuve ou d'Islande. J. Besançon, dans son ouvrage déjà cité, fait une description détaillée du travail effectué par les pêcheurs morutiers aux XVIIe et XIXe siècles; d'autre part et plus proches de nous, entre les deux-guerres, les études de plusieurs médecins de marine nous renseignent sur l'état de misère et de dénuement des Terre-Neuvas de cette époque.

Lorsque, au XVIIe, le voilier morutier atteignait son lieu de pêche, décrit J. Besançon (1), vil se laissait dériver doucement avec une seule voile, l'artimon de cap. Les charpentiers clouaient une étroite plate-forme le long du navire, face au vent, à l'extérieur du bastingage. Sur ces planches les pêcheurs, après avoir tiré leur place au sort, s'installaient chacun dans un tonneau, encapuchonnés d'un tablier de cuir. Plus tard, les même tonneaux furent placés en deçà de la lisse et amarrés à elle pour éviter les effets mortels du roulis.

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.253