Ainsi, un repos de six heures consécutives constitue, semble-t-il, un événement à bord et cela d'autant plus que le matelot n'est pas même assuré de bénéficier de la moitié de ce temps de répit lorsqu'il est sur les lieux de pêche... En moyenne, souligne l'auteur, les équipages ont dû rester au travail - au cours des marées observées - soixante-dix-huit heures sans pouvoir prendre trois heures consécutives de repos (et dans un cas extrême, cent quatre-vingt-six heures...). Il a même été observé une durée de quarante-trois heures trois quarts ne comportant aucun arrêt (22).

La simple lecture de ces chiffres rend fort compréhensible l'état d'extrême fatigue constatée chez les marins hauturiers à leur retour de pêche.

c) - Les horaires de route.

Tout au moins pourrait-on supposer que les hommes prennent quelque repos durant les trajets aller et retour vers les lieux de pêche (trajets variant de quelques heures,à la pêche atièrelà cinq jours environ à la pêche hauturière et vingt jours à la grande pêche). Or, en fait, les horaires de travail "en route" demeurent chargés, atteignant couramment huit heures, auxquelles s'ajoutent les trois heures de quart. Les réponses des pêcheurs interrogés sur ce point dans l'equête F.O.R.S. confirment ces chiffres, puisque 50 % d'entre eux évaluent entre six et dix heures et plus la durée quotidienne du travail durant le trajet (23). A l'aller, le matériel de pêche doit être préparé : mesurage des funes, épissures, ramendage éventuel du chalut, cloisonnement de la cale et,

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.263