A - La situation dépendance de équipages.

Des interviews de longue durée réalisées auprès des marins-pêcheurs par les enquêteurs de la F.O.R.S., il ressort que dans la majorité des cas, la crainte du patron et la soumission à ses ordres conditionnent en grande partie les attitudes à bord.

- "Le patron est pas correct de faire travailler le traict la nuit".

"Y a pas d'humanité quand on navigue".

"Quand un matelot est vingt-quatre heures sur le pont, le patron va se coucher dans sa nuit (sic) et le matelot est encore là le lendemain matin et puis il vient vous eng... que ça ne va pas assez vite" (31).

S'il est vrai que la dureté de certains capitaines est mal supportée, il demeure aussi que pour la majorité des matelots interviewés, la peur ancestrale (et aisément compréhensible dans un tel contexte) de se distinguer aux yeux de l'autorité demeure entière. Ainsi, "quand une réclamation est faite au patron", avoue un pêcheur, "ce n'est pas le délégué qui monte à la passerelle, mais ce sont plusieurs matelots avec les signatures de tous sur un fond de boîte de camembert, pour que le patron ne puisse pas voir lequel a signé le premier" (32).

Car, "si on va se plaindre à la passerelle, le patron va dire : Ah ! vous êtes des meneurs ! Et à celui qui franchit le seuil de la porte, il dira : c'est toi le meneur ! Alors, c'est le gars qui est sûr et certain d'avoir le même sort que le délégué !" (33);

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.269