B - La situation de dépendendance des capitaines et des patrons de pêche.

Elle résulte de leur statut de représentant de l'ar­mement. En effet, s'il est chef de l'expédition maritime de pêche et seul maître à bord, le capitaine ou le patron est aussi mandataire de l'armement et à ce titre son mandat est révocable "ad nutum" (art. 109 du C.T.M.). Cette clause est toutefois atténuée dans quelques ports - tels Boulogne, Fiel, etc. - par des conventions qui imposent un délai minimum de préavis (40), mais il demeure que même dans ce cas, le statut du capitaine ou du patron de pêche est précaire et largement dépendant de son propre rendement... (41). On comprend dans ces conditions qu'il cherchera le plus souvent à obtenir de son équipage un maximum de travail, au mépris, comme les observations précédentes tendraient à le prouver, de la réglementation existante et de la fatigue des hommes.

En conclusion - et sans omettre de mentionner avant de l'analyser de manière détaillée l'influence exercée également par le système de rémunération - il apparaît que l'absence d'organisation du travail en mer est en partie imputable à cette condition de dépendance des capitaines et patrons de pêche à l'égard de l'armement et corrélativement à celle des matelots à l'égard des capitaines. Ainsi, s'ajoutant aux horaires excessifs et de façon générale aux conditions particulièrement pénibles de travail à bord, se créent de fortes tensions agressives, dont répercussions sur les hommes ne sauraient être négligées (42).
LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.272