de plus en plus puissant (bien que souvent caché : sociétés de quirats et associations en participation par exemple), réduisant les pêcheurs à n'être, hormis quelques cas, qu'une simple main-d'oeuvre. Or ce mode de rémunération, loin de disparaître, se maintient encore aujourd'hui. En d'autres termes, la "fiction du compagnonnage", comme le remarquait le Dr Gerst, ayant progressivement vécu au cours de l'histoire, il ne paraît pas audacieux de conjecturer que les avantages retirés par certains des partenaires sont peut-être devenus les véritables raisons du maintien du système et que les phénomènes communautaires - comme on le verra ultérieurement - n'ont été adroitement suscités que pour renforcer et soutenir les pêcheurs dans leurs attitudes traditionnelles. Telle paraît être,en tout cas, la première hypothèse d'explication suggérée par la persistance d'un mode de rétribution que l'évolution des rapports de production ne justifie plus de façon incontestable. Dans le chapitre V, cette hypothèse sera reprise et approfondie ; en attendant, l'étude du fonctionnement concret de ce mode de rétribution, des usages et abus qu'il a engendrés, devrait déjà permettre de mieux en préciser les principaux aspects dans la pratique sociale nationale et contemporaine.

III - De quelques modalités concrètes des règles de répartition. Usages et abus engendrés par le système de rémunération à la part.

La rémunération à la part, en usage dans les ports français, est en effet indissociable d'un grand nombre de pratiques qui en sont devenues des caractéristiques majeures. Variables suivant les types de pêche, les ports, parfois même

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.281