Aussi peut-on conjecturer, sans trop de risques semble-t-il, que dans leur grande majorité les constatations faites par Le Masson du Parc, concernant tant la mentalité que les conditions de vie des pêcheurs, sont fondées. Elles mettent en lumière à la fois une situation matérielle très précaire en même temps qu'elles laissent transparaître des données de tempérament contrastées : audacieux et méprisants du danger, mais volontiers routiniers quant à leur métier, tels nous apparaissent les pêcheurs à cette époque. Mais comment échapper à la routine) faire preuve "d'innovation" dans la technique quand on doit) simplement pour survivre physiquement, lutter très durement de façon continue, quotidienne ?

Ces différentes observations, il était important de les formuler au passage pour la suite de cette étude. Elles formeront, en effet, pendant longtemps encore, jusqu'au début de ce siècle - voire en bien des cas jusqu'à la Seconde Guerre mondiale - la trame de la vie quotidienne des pêcheurs. Aujourd'hui, dans un contexte d'ensemble différent, elles sont loin d'avoir perdu toute valeur, les résultats de l'enquête de la F.O.R.S. en fourniront quelques preuves.

- Observations faites par Le Masson du Parc relatives à l'environnement socio-économique des pêcheurs et aux exactions dont ils sont les victimes -

Cette population des pêcheurs, en grande partie misérable, Le Masson du Parc nous l'a décrite d'emblée comme victime "des entreprises de personnes ou de communautés qui usaient de leur influence pour leur extorquer des redevances". Il va nous fournir, par le moyen des procès-verbaux qu'il dresse,

LES INSTITUTIONS DE LA PECHE MARITIME - HISTOIRE ET EVOLUTION - p.204